Pour obtenir le droit viager sur le logement, le conjoint survivant doit nécessairement manifester sa volonté, et non seulement y demeurer
Publié le :
22/06/2022
22
juin
juin
06
2022
Lors de la mort d’un membre du couple, le Code civil permet au conjoint survivant de bénéficier, jusqu’à son décès, d’un droit viager sur le logement familial acquis par les époux, ainsi que d’un droit d'habitation et d’un droit d'usage sur le mobilier qui le compose. Il est toutefois nécessaire que le conjoint survivant manifeste sa volonté dans un délai d’un an à compter de la date du décès pour bénéficier de ces droits.
La Cour de cassation a déjà indiqué que cette manifestation de volonté puisse être tacite, comme l’inscription de cette option dans un projet d’acte de notoriété. Cependant, la Haute juridiction vient de récemment apporter des précisions lorsque le conjoint survivant se maintient dans le logement, sans pour autant avoir formulé de souhait sur l’attribution de ces prérogatives.
Concernant les faits, une veuve décide de continuer d’occuper la résidence principale acquise avec son mari décédé. Cependant, un des enfants du défunt, né d’une précédente union, conteste le règlement de la succession, et saisit le Tribunal judiciaire pour s’opposer au droit viager sur le logement de sa belle-mère.
Toutefois, après avoir constaté que la veuve jouit paisiblement du logement familial depuis un an à la suite du décès de son mari, la Cour d’appel estime que le maintien de l’épouse dans les lieux doit s'analyser comme une demande tacite. Les juges considèrent ainsi qu’elle bénéficie bien du droit viager au logement, même s’ils ont observé qu’aucune demande n’a été formulée à cet effet de manière expresse, en dehors des conclusions formulées en première instance.
Le demandeur forme alors un pourvoi en cassation, car il considère que le seul maintien dans les lieux ne suffit pas à caractériser la manifestation de volonté du conjoint survivant de bénéficier du droit d'usage et d'habitation viager sur le logement acquis par les époux.
La Haute juridiction approuve ce raisonnement, au visa des articles 764 et 765-1 du Code civil.
Si le premier texte prévoit la portée du droit viager au logement, le second précise toutefois que « le conjoint dispose d'un an à partir du décès pour manifester sa volonté de bénéficier de ces droits d'habitation et d'usage ».
Ainsi, la Cour en conclut que si la manifestation de la volonté de bénéficier du droit viager au logement peut être tacite, celle-ci ne peut en revanche résulter du seul maintien dans les lieux du conjoint survivant.
La Cour de cassation casse et annule donc l’arrêt.
Références : Cass. civ. 1er, 2 mars 2022 n° 20-16.674
Historique
-
Violation du cahier des charges d’un lotissement et action en démolition : la nécessité d’un juste équilibre estime la Cour de cassation
Publié le : 27/09/2022 27 septembre sept. 09 2022RédactionÀ l’occasion d’une récente décision de la Cour de cassation, l’équipe GAGNAIRE ASSOCIÉS NOTAIRES revient sur la faculté pour le juge d’apprécier l’opportunité d’une sanction....
-
Créance entre époux : la Cour de cassation opère une distinction entre les dépenses d’amélioration et les dépenses d’acquisition portant sur le même bien propre
Publié le : 11/08/2022 11 août août 08 2022RédactionLa séparation de biens est caractérisée par l'absence de biens communs, ainsi que la libre disposition des biens personnels dont chaque époux est propriétaire. Ainsi, en cas de...
-
Un testament prévoyant des attributions facultatives aux héritiers sur des biens communs ne peut être qualifié de testament-partage
Publié le : 08/07/2022 08 juillet juil. 07 2022RédactionUn testament-partage consiste pour le futur défunt, aussi nommé le « de cujus », à établir un acte notarié destiné à répartir et à imposer le partage de son patrimoine entre ses...
-
Pour obtenir le droit viager sur le logement, le conjoint survivant doit nécessairement manifester sa volonté, et non seulement y demeurer
Publié le : 22/06/2022 22 juin juin 06 2022RédactionLors de la mort d’un membre du couple, le Code civil permet au conjoint survivant de bénéficier, jusqu’à son décès, d’un droit viager sur le logement familial acquis par les épo...
-
Le secret professionnel empêche le notaire de délivrer au syndicat la liste des héritiers d'un copropriétaire décédé
Publié le : 30/05/2022 30 mai mai 05 2022RédactionLe secret professionnel des notaires est une obligation légale, dont le régime juridique date du début du 19ème siècle. En effet, la loi du 25 ventôse an XI, modifié par l’ordon...
-
Testament international : il doit être écrit dans une langue connue du testateur
Publié le : 05/05/2022 05 mai mai 05 2022RédactionUn testament international est une forme relativement nouvelle de testament, qui est valide, quel que soit le pays où il a été établi, s’il respecte les conditions prévues par l...